Gwenn-Aël Bolloré, 25 ans après, sur la plage du débarquement du 6 juin 1944

De GrandTerrier

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En 1969 Gwenn-Aël est interrogé sur la plage d'Ouistreham pour les 25 ans du débarquement du commando n° 4 du bataillon Kieffer le 6 juin 1944.

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Autres lectures : « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944 » ¤ « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « GUILLAMOT Loeiz - Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres » ¤ 

Le Film

Présentation et transcription

Cette vidéo postée sur Dailymotion est un plan de 6 minutes extrait d'une série d'émissions historiques de Daniel Costelle, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne diffusée à la télévision française dans les années 1970, et plus précisément de l'émission « La Bataille de Normandie  » du 06/06/1969 (durée : 1h 29min).

On y voit des images d'archives, une interview de Gwenn-Aël Bolloré sur la plage de Ouistreham, le texte lu d'un combattant français (est-ce Marc Thubé, le cousin de Gwenn-Aël Bolloré ?) du commando Kieffer [1], les explications filmées du général Lord Lovat [2] s'exprimant en langue française près du pont de Bénouville, et enfin la performance musicale du joueur de cornemuse présent lors du débarquement.

Lord Lowat a conservé des contacts avec Gwenn-Aël Bolloré après guerre. Ce sera lui qui rédigera la toute première préface du livre « Nous étions 177. Commando de la France Libre » qu'il terminera par ses mots : « Nothing could have stopped Kieffer's men that day ... Down the arches of years I salute them ! » (Rien n'aurait pu arrêter les hommes de Kieffer ce jour-là ... Par-delà la voûte des années, je les salue !).

* * * * * * *

Voix off - La première brigade de commando débarque devant Ouistreham. Le colonel Dawson [3], chef d'état-major, laisse les deux péniches qui transportent les français du Commando Kieffer [1] prendre quelques mètres d'avance. "Messieurs les Français, tirez les premiers". Ainsi ils sont les premiers à poser les pieds sur le sol de France. L'un de ces Français, Gwenn-Aël Bolloré :

- « C'est ici, il y a 25 ans, que les commandos français ont débarqué ».

- Vous étiez combien ?

- « Nous étions 177 ».

- Vous veniez d'où ?

- « De toutes les parties de la France. Mais il y avait à peu près la moitié de bretons. »

- Vous aviez quel âge ?

- « Euh, 18 ans. »

- Et qu'aviez-vous ressenti ?

- « Et bien, les impressions, quand nous avions échoué, à vrai dire, nous avions des choses très importantes à faire, et nous n'avions pas eu beaucoup d'émotion, nous avions notre travail. À tel point d'ailleurs que quand nous sommes rentrés dans l'eau, en descendant des barges nous avions de l'eau jusqu'à la poitrine, et aucun de nous n'a eu le sentiment d'être mouillés. Et pourtant nous sommes restés avec ces costumes-là pendant plusieurs jours. La véritable impression, très émouvante, c'est quand la flotte est arrivée, nous étions à fond de cale, et au petit jour on nous a fait monter sur le pont, il y avait un silence absolu, alors là nous avons vu, à l'horizon, la terre de France. Et ça, ça a été, pour nous tous, vraiment quelque chose de très poignant »

Témoignage d'un combattant : « Après le débarquement proprement dit, nous nous sommes regroupés à côté d'une ancienne colonie de vacances. Et puis nous avons commencé la progression par l'arrière, c'est-à-dire que nous avons été de Riva-Bela jusqu'à Ouistreham en utilisant le grand boulevard, et notamment la dénivellation entre le côté droit et le côté gauche ; on était un petit peu à l'abri des tirs des allemands. Le premier char qui est arrivé, le char M-Lee, et nous avons progresse, je me rappelle très bien : je courais derrière un char, et tout d'un coup il y a des civils qui sont sortis, qui nous faisaient signe. Ils nous prenaient pour des anglais, puisque nous avions l'uniforme anglais, on a juste le temps de dire quelque chose en français, ce qui les a sidérés, et puis on est passé. Mais c'était quand même émouvant. Et nous sommes venus par derrière pour attaquer le casino, et c'est là qu'il y a eu des combats assez durs. »

Voix off - Au prix de lourdes pertes, le commando Kieffer s'empare du bloc-haus que les allemands ont construit à la place du casino de Riva-Bella. Alors on peut continuer vers le pont de Bénouville où les parachutistes attendent. À la tête des commandos, le plus jeune général de l'armée anglaise, mais déjà vétéran de Warvick et de Dieppe, il avait 30 ans. Grand seigneur écossais il a débarqué en pantalon à côte de velours, en tricot et une carabine de chasse à l'épaule, le général lord Lovat [2].

- « Nous avons tous tenu les pullovers et les pantalons très légers, moi en velours, et mes soldats en toile. Et les souliers légers, parce que c'était nécessaire de nager peut-être, et puis les bateaux ont du couler, et après nous avons traversé la plage. Ca devient dangereux à ce moment-là, le mur Atlantique d'Hitler, et puis après ça à travers les bosquets et les vergers, jusqu'aux rivières et le pont à Bénouville. Il a été nécessaire de nager encore car les boches occupaient le pont, et en effet il y avait une bataille jusqu'ici à là. Les soldats avaient tous des fusils, mais moi j'avais un fusil de chasse. Parce qu'à travers champs et le mur, c'était vraiment comme une chasse à lapins. Qui visait vite et tirait vite a gagné la bataille ».

Voix off - Les paras anglais sont de l'autre côté du pont, mais les allemands encerclent le village, et on tire de tous les côtés.

- « Alors nous sommes arrivés sur le pont de Bénouville sur le canal qui est maintenant appelé Pegasus Bridge. À ce moment, j'ai donné l'ordre à mon joueur de cornemuse de faire la musique pour avertir nos hommes, nos camarades, dans le village et aussi peut-être pour nous donner du courage ».

Voix off - Ce jour là, Bill Millin, le « cornemuser » personnel de Lord Lovat, a traversé ainsi le pont de Bénouville sous les balles, en jouant « blue bonnets over the borders », le chant de guerre des écossais.

- « Enfin, il y avait le pont à traverser la rivière. À l'autre côté j'ai trouvé le général Howard qui commandait les parachutistes. Je lui ai dit : "Im sorry, I'm late". Je suis désolé d'être en retard. En réalité, j'étais 2 minutes en retard ».

Annotations

  1. 1,0 et 1,1 Philippe Kieffer (1899-1962) est un officier de la Marine nationale française et Compagnon de la Libération. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a créé et dirigé les premiers commandos de la marine française, connus sous le nom des Commandos Kieffer, qui ont combattu lors du débarquement de Normandie.
  2. 2,0 et 2,1 Simon Christopher Joseph Fraser dit Lord Lovat (1911-1995, dit lord ou baron Lovat, général de brigade, fut le commandant de la Première brigade spéciale durant la Seconde Guerre mondiale. La Première brigade spéciale était une unité de commandos britanniques qui comprenait notamment le Commando n° 4 au sein duquel se trouvaient les 177 français du premier bataillon de fusiliers marins commandos du commandant Philippe Kieffer. Il s'illustra avec ses hommes notamment lors de l'opération Jubilee et du débarquement de Normandie.
  3. Le lieutenant-colonel Robert Dawson était responsable du commando n° 4 des fusiliers marins Kieffer dans lequel les Français sont intégrés. Il parlait un français impeccable, fut blessé par deux fois lors du débarquement du 6 juin 1944. Les vétérans Français vouaient un véritable culte au colonel Dawson, en charge du commando n° 4 en Normandie ; ils le respectent autant que le "pacha", Philippe Kieffer.



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Thème de l'article : Support médiatique couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Création : Juin 2014    Màj : 8.09.2023
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