Le manoir de Pennarun

De GrandTerrier

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Un manoir imposant situé à proximité immédiate du bourg d'Ergué-Gabéric, et possédé par différentes familles nobles établies localement jusqu'au départ du chouan Marie-Hyacinthe de Geslin.

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Autres lectures : « Village et toponymie de Pennarun » ¤ « Familles nobles gabéricoises » ¤ « 1698 - Mises aux écrous des frères Geslin de Pennarun » ¤ « Archives de Pennarun » ¤ « 1910-1935 Notes et coupures gabéricoises de Louis Le Guennec » ¤ « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs » ¤ « VILBOIS-COÏC Hélène - La constellation de l'Hermine » ¤ « BERNARD Daniel - Recherches sur la chouannerie dans le Finistère » ¤ « PEYRON Paul - La chouannerie dans le Finistère » ¤ « 1680 - Papier terrier et dénombrement du manoir noble de Penanrun » ¤ 

Présentation

Une façade historique

La façade est inchangée depuis le 18e siècle comme le soulignent Suzanne et Raymond Lozac'h, propriétaires des lieux : « Deux bandeaux soulignent les étages. Deux fenêtres de chaque côté de la porte, cinq à l'étage et trois mansardes dans le toit, une à fronton triangulaire, les deux autres à arc tendu. Au dessus de la porte un linteau gravé : en l'année 1661 bâtie la première fois rebâtie en l'année 1765. En haut, un écusson gravé : mi-parti d'un greslier accompagné de trois feuilles de houx et d'une main tenant une poignée de flèches » (Source : Ouest-France du 25 octobre 2007).

photo aérienne tirée du Bulletin Municipal de 1978

Situation géographique

Le manoir est situé à l'entrée du Bourg d’Ergué sur un promontoire qui domine la vallée du Jet et qui a du avoir une importance stratégique dans les temps anciens.

Quand on vient de Quimper au Bourg d'Ergué-Gabéric par la vallée du Jet, la masse imposante du manoir de Pennarun s'élève à droite de la route, pratiquement au sommet de la côte, un peu avant le cimetière. Deux entrées, l'une à l'Ouest, l'autre à l'Est, permettent d'accéder à la cour.

Cartographie détaillée : « Géo.Pennarun » (avion 1948, cadastre Napoléon 1834, etat-major 1825-1866).

Origine du nom

Penn ar run:

Penn : Tête, bout , extrémité .
Run : Colline, hauteur.

Toponomie détaillée : « Pennarun, Penn ar Run ».

T O P O N Y M I E
Forme française Pennarun
Forme bretonne Penn ar Run
Signification "à l'extrémité de la colline"
Décomposition Penn pour "tête, bout, extrémité" et Run "tertre, colline, hauteur"
Relevés 1426 (Penanrun), 1540 (Pennanrun), 1689 (Pennanreun), 1790 (Pennarun), 1834 (Pennarun)

La légende du trésor

Extrait du Keleier Arkae N° 15 (article de Suzanne Lozach)

« Au Bourg donc, on parlait encore du seigneur de Pennarun, lequel avait mauvaise réputation. Le seigneur ? Quel seigneur ? Son nom s'était perdu dans la nuit des temps si son souvenir était resté vivace. S'agissait-il d'un seigneur en particulier, d'une lignée de seigneurs ? On ne le savait plus. C'était " le " Seigneur de Pennarun ! On disait qu'il était méchant, qu'il avait opprimé les paysans, qu'il pendait à Lenhesq ceux qui ne lui plaisaient pas. Il était si mauvais que la Justice Divine se devait de lui réserver un châtiment exemplaire ! Et c'est ainsi que l'on racontait toujours, vers 1950, que le Seigneur de Pennarun était condamné à réapparaître tous les ans, sous un chêne de l'" ale Goz " où il remuait éternellement l'or de son trésor enfoui. Cela, le dimanche des Rameaux, pendant la lecture particulièrement longue de l'Évangile de la Passion du Christ selon St Matthieu. La personne qui le trouverait et accepterait son or, le délivrerait de sa malédiction... mais perdrait ipso facto son âme ! En ce temps-là, manquer la messe du dimanche était un péché mortel !

Encore aujourd'hui, personne n'a trouvé le trésor du seigneur de Pennarun. Pourtant le nombre de fidèles à l'église le dimanche matin a fondu comme neige au soleil. Mais qui sait encore à quel moment de l'année est placé le dimanche des Rameaux ? Probablement, en plus, le chêne du seigneur a été abattu pour faire du feu ! Alors, tant pis... le mystère demeure ! ».

Archives

Noblesse, aveux 1536-1681

En 1426 Huon ou Hernault Prévost, sieur de Pennarun (manoir de Guern an Run), est cité à la Réformation des fouages : « 1426 - Exemptions gabéricoises à la Réformation des fouages » ¤ 

En 1481, Jehan de Provost représente son père en tant qu'archer en brigandine à la montre [5] de Cornouaille : « 1481 - Monstre de l’Evesché de Cornouailles » ¤ 

En 1536 Charles, sieur ou seigneur de Penanran, apparait dans la liste des nobles de la réformation des fouages : « 1536 - Réformation des personnes et des terres en Ergué-Gabéric » ¤ 

En 1540 et en 1544 le noble ecuyer Charles de Provost rend aveu au roi : « 1540 - Adveu de Penanrun extraict de l'inventaire de Kempercorentin » ¤ « 1544 - Aveu de noble écuyer Charles Provost, seigneur de Penanreun » ¤ . Le dernier aveu sera intégré dans le papier terrier de la réformation de 1681.

Ecrous de Quimper 1698

Document Extrait des Archives du Finistére - Série B

B. 766. (Registre.) — ln-40, 30 feuillets, papier.

1698 — écrous pour causes criminelles : des sieurs Jean-Baptiste de Penanrun-Geslin et de Christophe Geslin, écuyer, sieur de Kersalvator, son frère, poursuivis à la requête des sieurs de Marolles et de Saint-James; — FINISTÈRE. — SÉRIE B.

Jean-Baptiste Geslin de Pennarun est emprisonné en même temps de son demi-frère Christophe à la prison de Quimper sur une période de 3 mois en 1698 (du 26 mai au 29 août). On connaît le nom du poursuivant mais pas les raisons de cet emprisonnement.

Article détaillé : « 1698 - Mises aux écrous des frères Geslin de Pennarun ».

Biens nationaux 1794

Le manoir de Pennarun, propriété de la famille Geslin, vendu aux enchères le 1er frimaire de l'an 3 à Yves Jean Louis Derrien [1], imprimeur à Quimper, puis le 5 thermidor de l'an 3 au citoyen Jean Girbon, et enfin au citoyen Corentin Vinoc [2].

Corentin Vinoc fait également l'acquisition de la métairie en 1795 (adjudication), et le moulin en 1796 (Domaines Nationaux). Sa veuve revendra l'ensemble de la propriété en 1829.

Articles détaillés : « 1794 - Estimations du manoir, de la métairie et du moulin de Pennanreun » ¤ « 1795 - Vente du manoir de Pennanreun de Jean Girbon au citoyen Vinoc » ¤ 

Les aveux de 1731-1781

Aveu de Jean-Baptiste Geslin : « 1731 - Aveu au Roy de l'écuyer Jean-Baptiste Geslin pour le manoir de Penanrun » ¤ 

Aveux de Gilles-François Geslin : « 1752 - Aveu au Roy de messire Gilles-François Geslin pour le manoir de Penanreun » ¤ « 1782 - Déclaration des biens de Gilles-François Geslin, chevalier seigneur de Pennanrun » ¤ 

Le cadastre de 1834

Section du Bourg feuille 1 bis : « Zoom sur plan »

Propriétés PETILLON
Propriétés PETILLON

Liste des parcelles : « « ParcellesPennarun.xls » »

On remarquera que René Etienne Marie Petillon, père, ne vient au manoir qu'après son fils.

Registres B.M.S.

La distinction dans les registres B.M.S. (Baptêmes, Naissances, Sépultures) entre les deux sites du manoir d'une part et du moulin d'autre part dans les actes n'apparaît qu'après 1791. Le nombre de bâtiments n'étant pas important, la population du manoir est réduite. La proximité du bourg avec ses capacités d'hébergement peut expliquer cet état en particulier pour les domestiques.

Liste des habitants : « Fichier:HabitantsPennarun.xls »

Quartiers de noblesse

Les Provost

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La famille de Provost/Prévost avait pour armoiries : « d'azur à trois têtes de léopard d'or » (source Pol de Courcy). La lignée principale tenait Chef-du-Bois, en la paroisse de Locamand supprimée en 1792-1793 et englobée dans la Foret-Fouesnant.

En 1426 Huon Provost, sieur de Pennarun, est cité à la Réformation [3] des fouages. En 1481, à la montre [4] de Cornouaille, Jehan de Provost représente son père en tant qu'archer en brigandine [5]. En 1536 Charles, sieur ou seigneur de Penanran, apparait dans la liste des nobles de la réformation [3] des fouages.

Les sources mentionnant les Provost de Pennarun :

Les générations Provost de Pennarun :

 - Huon de Provost (1426)

 - Conan de Provost 
   ├
   └> Jehan de Provost (1456, ADLA B 2013)
        ├
        └> Jehan de Provost, archer en brigandine (1481)
            x Louise de Kergoat en Ploemeur.
             ├
             └> Charles Provost, Sr de Penanran (1536, 1540, 1544)

Les Rozerc'h

Les Rozerc'h avaient pour blasonnement « d'argent au greslier [7] de sable, lié et enguiché de gueules, accompagné de trois feuilles de houx de sinople, renversées. ». Ce blason, écartelé en mi-parti avec celui des Le Gac, identifié par Louis le Guennec en 1910-30 [8], est toujours visible aujourd'hui en façade du manoir de Pennarun.

Dans le bulletin de la société d'archéologie du Finistère de 1924, il précise à propos du manoir de la Forêt en Kerfeunteun également occupé par les Rozerc'h : « Il a été bâti, vers le milieu du XVIe siècle, par une famille Rozerc'h dont les armes : un greslier accompagné de trois feuilles de houx, sont sculptées au portail, sur la façade et sur le manteau d'une cheminée de la salle haute. Le Nobiliaire de Courcy attribue ce blason à la famille Mahault, sans cependant indiquer que celle-ci ait possédé la terre de La Forêt. Mais s'il n'y a point d'erreur dans cette attribution, il faut alors admettre que les Mahault et les Rozerc'h portaient les mêmes armoiries (avec peut-être des émaux différents) ...  ».

En 1594, Jean Rozerc'h, sieur de Penanrun, conseiller au présidial, est député par la ville de Quimper pour se plaindre des ravages en Cornouaille par Anne de Sanzay dit la Magnanne, chef de bande.

Augustin Rozerc'h, seigneur de Pennarun et procureur du roi est cité dans le document d'archives du procès en 1618 avec l'évêque Guillaume Le Prestre, et également dans une charte de fondation du collège de Quimper en 1620. En 1631 il est cité également comme sieur de Penanrun pour l'apurement des comptes du noble homme Julien Furic.

En 1551, le manoir de Pennarun fait l'objet probablement par les Rozerc'h d'une première reconstruction, conformément à la plaque commémorative toujours visible : « EN LANNEE (1)551 BATIE LA PREMIERE FOIS REBATIE EN L'ANNEE 1765 ».

Les sources disponibles sur les Rozerc'h sont  :

  • Ouvrage Histoire de Quimper Corentin et son canton de Louis Le Guennec, paroisse de Kerfeunteun, page 560.
  • Liasse EE 13 1618-1619 des Archives municipales de Quimper, procès entre l'évèque et Augustin Rozerc'h, seigneur de Penanrun et procureur du roi.
  • Comptes des miseurs en 1631 aux archives municipales de Quimper (cote CC92).
  • Déclaration d'un domaine congéable à Kermorvan en Ergué-Gabéric « sous noble homme Vincent Rozerc'h sieur de la Forest » dans un « Mémoire sur les Dixmes de Kermorvan » ¤  de 1584.
  • Mention de Vincent Rozerc'h de La Forest et Augustin de Penanrun dans un document de fondation du collège de Quimper en 1620.
  • « Comptes des miseurs de la ville de Quimper en fonction pendant les années 1594, 1596 et 1597 à l'époque de la Ligue en Bretagne » cités dans le Bulletin de la Société d'Archéologie du Finistère de 1885, page 153, par le commandant Faty.
  • Article « 1680 - Papier terrier et dénombrement du manoir noble de Penanrun » ¤ 

Les générations Rozerc'h de Pennarun :

  Bertrand Rozerc'h (1539)
  x Marguerite Marion
  └> Vincent Rozerc'h, sieur de la Forest et de Penanrun
  ├    x Marie Coznoual, douairière de Penanrun en 1617
  ├    ├> Vincent Rozerc'h, escuyer, le vieil (+~1629) 
  ├    ├   └> Françoise Rozerc'h (+ 1658)
  ├    ├          x Alain Glemarec, sieur de Trevaras
  ├    ├> Augustin, seigneur de Penanrun (1618-1620)
  ├    ├   └> Vincent Rozerc'h, escuyer, s.p.
  ├    └> Caterine Rozerc'h (1617)
  ├          x Pierre du Cleuziou
  └> ? Jean Rozerc'h, sieur de Penanrun (1594)

Les propriétés des Rozerc'h, à savoir les manoirs de Pennarun et de La Forêt, vont être transmises par héritage aux Glémarec, seigneurs de Trévaraz, par le mariage d'Alain de Glémarec et Françoise Rozerc'h vers 1643. Un document de 1680 mentionne également un deuxième écuyer Vincent Rozerc'h frère aîné d'un Augustin qui, du fait de l'absence d'héritier, ont de façon collatérale laissé à leur cousin l'héritage familial

Par la suite après 1680, les biens vont échoir dans la famille Geslin, seigneurs de Bourgogne (Lantic, près de Saint-Brieuc), par le mariage de François de Geslin et de Marguerite de Glémarec.

Les Gélin

La famille Gélin fait partie des occupants du manoir de Pennarun pendant la période pré-révolutionnaire. Et de nos jours, dans la commune, il est encore courant d’entendre dire que le manoir a abrité un chouan ou que l’un de leurs chefs en était originaire.

Dans l'étude de Daniel Bernard « Recherches sur la chouannerie dans le Finistère » dans les Annales de Bretagne de 1937, Marie-Hyacinthe de Geslin est ainsi évoqué :

Marie-Hyacinthe de Geslin naquit à Keralut, en Plobannalec, le 3 juillet 1766, de Jean-Marie, lieutenant de vaisseau, et de Malouine-Josèphe du Breil de Névet. Il était renommé comme « un des plus cruels parmi les chouans qu'il commandoit. Il a dirigé une grandes assassinats qui ont eu lieu dans le Finistère » (Note de Daniel, capitaine de gendarmerie).

Traduction devant le conseil de guerre à Brest le 11 avril 1797 (29 germinal an V) de Jean-Baptiste Riou d'Elliant « qui avait servi la République en qualité d'officier marinier sur le vaisseau l'Achille ... et qui les avait abandonnées pour prendre parti dans les bandes de chouans ». Cette troupe était dirigée par Geslin et Victor du Brieux.

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Les ancêtres de Marie Hyacinthe du Geslin, le Chouan, possédaient le château de Kerulut à Plobannalec en pays Bigouden, et portaient comme écu : « d'or à six merlettes de sable, 3, 2 et 1 ». C’est son arrière grand-père Jean-Baptiste (lequel avait un frère Christophe sieur de Kersalvator) qui apparaît le premier comme occupant de Pennarun, puis son grand-père Charles Jean Alexandre. Le frère de ce dernier, Gilles François, commissaire des États de Bretagne, rend aveu pour Pennarun en 1752 et 1782. Son père est né à Kerulut et son oncle Urbain Marie est par contre né au Moulin de Pennarun en 1743.

Arbre généalogique : Les Geslin sur Geneanet

Les générations Gélin de Pennarun :

-> Christophe de Geslin de Kersalvator (1671-)
 x 1666 Marie Marguerite de Glemarec (-1678)
 └> Jean Baptiste de Geslin (Seigneur de Pennarun en 1641)
   x 1700 Jeanne Mauricette Harquin (-1714)
    ├
    └> Charles Jean Alexandre Gélin (1708-)
    ├   x Marie Corentine du Trémic de Keraneizan
    ├   ├
    ├   ├> Jean Marie (1737-1786), lieut. de vaisseau
    ├   ├   x Malouine/Maclovie Josephe Breil de Nevet
    ├   ├   ├> Marie-Gilonne (1764)
    ├   ├   ├> Rose-Anne-Marie (1766) x 1784 JLAF de Ploeuc
    ├   ├   ├> Marie-Louise (1767)
    ├   ├   ├> Marie-Hyacinthe (1768-1832), chouan
    ├   ├   ├     x Thérèse Breart de Boisanger (1759-1830) 
    ├   ├   ├> Céleste-Maclovie (1769)
    ├   ├   └> Rosalie-Jacquette (1771)
    ├   ├  
    ├   └> Urbain Marie de Geslin (1743-)
    ├
    └> Gilles Fr. (s. de Pennarun, gd commissaire, 1713-)
        x 1768 Magdeleine H. de Bohal, vve de Poulpiquet

En 1791 il y a une veuve Gélin âgée de 48 ans accompagnée de ses enfants dont un Monsieur Gélin de 19 ans, les prénoms n'étant pas précisés dans le document d'inventaire. Un calcul des dates de naissances avec les âges indiqués donne une correspondance à 3 ou 4 ans prés avec celles de Marie Hyacinthe et de sa mére. Cela suppose donc un retour de la famille au manoir. Son père y décède le 2 Aout 1786.

Marie Hyacinthe est né au château de Kerulut à Plobannalec en pays Bigouden, de même que son père Jean-Marie de Geslin, enseigne des vaisseaux du Roy, en 1737. En 1680 le domaine de Kerulut est détenu par les époux Jan Hyacinthe Guegan et Louise de Glémarec. Il s'agissait d'une propriété imposante qui supposait un haut niveau de vie et une famille très établie. L'image de Pennarun était plus modeste. Jean Marie de Geslin est cité en 1783 en tant que « Seigneur Comte de Kerulut ancien lieutenant de vaisseau » et en 1786 à son décès comme « haut et puissant seigneur de Pennarun ». La famille Gélin devra quitter Pennarun en 1792 après la vente à René Jean le Pétillon époux de Marie Jeanne Jaouen.

La date du mariage de Marie Hyacinthe en l’An 9 (8 Janvier 1801) à Riec laisse penser qu’il n’a sans doute pas été très inquiété après la révolution malgré les assassinats dont on lui attribue la responsabilité en tant que chef de bande. Il n'a pas d'enfants dans la région. Cependant cette indication de François de Surville dans sa généalogie indique que Marie Hyacinthe n'a pas eu la vie aussi facile après ses méfaits : « Il est abrité à Queblen dans la cachette du grand salon avant d'épouser Thérèse Elisabeth Marie Bréard Boisanger ».

Comment une famille aussi importante qui a fait sa fortune dans la Compagnie des Indes peut-elle laisser l'une de ses filles épouser un homme à la réputation aussi sulfureuse du coté du peuple. Peut-être n'en est-il pas de même du coté des nobles ?

L'implication du manoir de Pennarun en tant que base de départ ou de refuge est possible. Une ferme du manoir ou le moulin peuvent le cacher. Sa famille a certainement conservé une autorité sur d'actuels ou d'anciens employés, métayers ou sur les nouveaux propriétaires. Le crime cité du prêtre François Canaff eut lieu en 1796.

Marie Hyacinthe n'est pas souvent cité sous son vrai nom mais comme simple "Gelin". Il est presque certain qu'il exerçait en tant que chef sous un pseudonyme. Dans une citation de Jean-François Douguet et lors de la préparation du procés de Jean Baptiste Riou, autre chouan notoire, ce dernier indique que Gélin et du Brieux étaient ses chefs. Dans son enquête « La chouannerie, documents pour servir à son histoire dans le Finistère » publiée en 1910 et 1911 dans le Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Paul Peyron présente un document (pièce 94) signée de trois officiers de l'armée catholique et royale de Bretagne : « Quimper : chef de division. Silvin : chef de division. Lamarvet : officier secrétaire ». L'un d'entre eux est-il Gélin ?

D'après Daniel Bernard, Marie Hyacinthe du Geslin était toujours surveillé par la police en 1808, mais sans être inquiété, et il mourut à Quimperlé le 1er novembre 1832. Mais est-ce vraiment à partir d'Ergué-Gabéric qu'il exerça ses méfaits dans toute la région ?

Louis Le Guennec, quant à lui, nous propose l'hypothèse défendue par une étude de l'Association Bretonne : « Hyacinthe de Geslin, né à (Ergué-Gabéric ?), un des principaux chefs de chouans du finistère. Il demeurait en 1814 à Quimperlé, avait servi dans les régiments de la Couronne et de Normandie, et avait été le chef de la 9e légion de l'armée de Cadoudal. Il fit la campagne de 1815 comme lieutenant dans une compagnie d'élite, sans doute celle des anciens officiers, et reçut la croix de St Louis pour neuf années de services et quatre campagnes (Association Bretonne, Congrès de 1927) ».

Annotations

  1. Yves Jean Louis Derrien : imprimeur à Quimper, né à Brest Saint-Louis, puis professeur de physique à l'Ecole Centrale. Il épouse Marie Jacquette Perrier le 03/08/1779 à Quimper Saint-Julien.
  2. Corentin Vinoc est né en 1747 dans une famille d'artisans mesuinsiers de Locmaria et décède en décembre 1809 à Quimper. Docteur en médecine en 1883, il exerce comme médecin de l'hôpital militaire de Quimper. Il épouse en 1788 une demoiselle Gaillard, fille de notaire et procureur au présidial, et ils habitent rue Kéréon. Dès avant 1774 il est initié au rite de la loge maçonnique de L'Heureuse Union de Quimper, puis celle de La Farfaite Union où il est élu vénérable en 1803-1808. Pendant la Révolution il est favorable aux jacobins modérés, et en opposition contre les Montagnards. Il est nommé maire de Quimper en 1803 à 1808. Source : « La franc-maçonnerie à Quimper au XVIIIe siècle », Bruno Le Gall et Jean-Paul Péron, Bulletin 2011 de la Société d'Archéologie du Finistère.
  3. 3,0 et 3,1 Réformation, s.f. - A. du domaine royal : opérations de réformation lancées en Bretagne en 1537 par François Ier et en 1660 par Colbert. Il s'agit de vérifier l'ensemble des déclarations de propriété (les aveux) des sujets du roi, depuis le paysan ou roturier relevant directement du domaine royal jusqu'au puissant seigneur. Les commissaires de la Cour des Comptes de Bretagne siégeant à Nantes, chargés de défendre les intérêts du Domaine Royal, vont vérifier le contenu des aveux fournis pour l'occasion, en le rapprochant des actes similaires produits antérieurement : validité du titre de propriété, montant de la chefrente en nature et/ou argent versée annuellement au roi, droits attachés à la propriété (justice, ...). Source : histoiresdeserieb.free.fr.
    B. des fouages : contrôle permettant de vérifier qui est bien "Noble". Par exemple la Réformation des fouages en Bretagne en 1426 où les nobles doivent prouver leur noblesse, titre leur permettant d'échapper à l'impôt des fouages. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique]
  4. Montre, s.f. : revue militaire de la noblesse. Tous les nobles doivent y participer, munis de l’équipement en rapport avec leur fortune. Les ordonnances du duché de Bretagne spécifient minutieusement l’armement de chaque noble en fonction du revenu déclaré. Organisation maintenue après le rattachement du duché de Bretagne au royaume de France. [Terme] [Lexique]
  5. Brigandine, s.f. : cuirasse légère, composée de lames d’acier larges de deux à trois doigts, assemblées transversalement et clouées sur un cuir de cerf bien apprêté ; la flexibilité de cette sorte d’armure la rendait commode pour les gens de trait, tels que les archers et les arbalétriers. Armure composée de lames articulées, placées à recouvrement, liées entre elles par des rivets dont on voit les têtes ; cette armure, très employée au XVe siècle, était celle de l'archer à cheval des compagnies d'ordonnance, et souvent celle du gentilhomme qui ne pouvait se procurer une armure de plates constituées de plaques d'acier (L'Haridon, Catalogue du Musée d'artillerie). [Terme] [Lexique]
  6. Aveu, s.m. : déclaration écrite fournie par le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief, à l'occasion d'un achat, d'une succession ou rachat. L’aveu est accompagné d’un dénombrement ou minu décrivant en détail les biens composant le fief. La description fourni dans l'aveu indique le détail des terres ou tenues possédées par le vassal : le village dans lequel se situe la tenue, le nom du fermier exploitant le domaine congéable, le montant de la rente annuelle (cens, chefrente, francfief) due par le fermier composée généralement de mesures de grains, d'un certain nombre de bêtes (chapons, moutons) et d'une somme d'argent, les autres devoirs attachées à la tenue : corvées, obligation de cuire au four seigneurial et de moudre son grain au moulin seigneurial, la superficie des terres froides et chaudes de la tenue. Source : histoiresdeserieb.free.fr. [Terme] [Lexique]
  7. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique]
  8. L'identification du blason du manoir de Pennarun est incluse dans une série de notes manuscrites du mémorialiste Louis Le Guennec : « 1910-1930 Notes manuscrites de Louis Le Guennec sur Pennarun * » ¤ 



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Thème de l'article : Monographie d'un lieu-dit de la commune d'Ergué-Gabéric Création : septembre 2006    Màj : 17.01.2024