Marie-Hyacinthe de Geslin, chouan, seigneur de Pennarun et de Quimperlé

De GrandTerrier

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Fiche biographique d'un personnage de légende, l'héritier d'une famille propriétaire du manoir de Pennarun, un des chouans les plus sanguinaires de Basse-Bretagne et qui survécut et s'associa à la famille Bréard de Boisanger de Quimperlé.

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Sa signature ci-contre complète celle de son épouse dans un acte sous seing privé en 1803.

Autres lectures : « Archives de Pennarun » ¤ « Les Geslin, seigneurs de Pennarun aux 17 et 18e siècles » ¤ « Le manoir de Pennarun » ¤ « PEYRON Paul - La chouannerie dans le Finistère » ¤ « BERNARD Daniel - Recherches sur la chouannerie dans le Finistère » ¤ « BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs » ¤ « 1791 - Droits de rachat de la tenue de Squividan des enfants Gélin sous domaine royal » ¤ « 1792-1795 - Liste des citoyens absents et réputés émigrés » ¤ 

Présentation

Marie Hyacinthe est né en 1768 au château de Kerulut à Plobannalec en pays Bigouden, de même que son père Jean-Marie de Geslin, enseigne des vaisseaux du Roy, en 1737. Il s'agissait d'une propriété imposante qui supposait un haut niveau de vie et une famille très établie.

Leur château de Pennarun en Ergué-Gabéric près de Quimper était plus modeste. En 1791 y est domiciliée une veuve Gélin âgée de 48 ans accompagnée de ses enfants dont un Monsieur Gélin de 19 ans, les prénoms n'étant pas précisés dans le recensement. Un calcul des dates de naissances avec les âges indiqués donne une différence de 3 ou 4 ans pour celles de Marie Hyacinthe et de sa mére. Cela suppose donc un retour de la famille au manoir, le père y étant décédé le 2 Aout 1786 comme « haut et puissant seigneur de Pennarun ». La famille Gélin devra quitter Pennarun en 1792 après la vente à René Jean le Pétillon époux de Marie Jeanne Jaouen.

Marie-Hyacinthe se rangera parmi l'armée royaliste, sera le responsable de plusieurs faits d'armes et assassinats dans la région située entre Quimper et Rouen où il sera désigné Chef de division. Depuis Quimperlé il prendra, sous les ordres de Georges Cadoudal, le commandement de la 9e Légion dite du Finistère.

Le conflit entre chouans et révolutionnaires s'étant achevé, il se fera plus discret, et se retirera à Quimperlé avec son épouse Thérèse Bréart de Boisanger, et en bonne entente avec son beau-frère Pierre-Paul, ancien émigré royaliste et établi au manoir familial de Queblen.

Les générations Gélin de Pennarun :

-> Christophe de Geslin de Kersalvator (1671-)
 x 1666 Marie Marguerite de Glemarec (-1678)
 └> Jean Baptiste de Geslin (Seigneur de Pennarun en 1641)
   x 1700 Jeanne Mauricette Harquin (-1714)
    ├
    └> Charles Jean Alexandre Gélin (1708-)
    ├   x Marie Corentine du Trémic de Keraneizan
    ├   ├
    ├   ├> Jean Marie (1737-1786), lieut. de vaisseau
    ├   ├   x Malouine/Maclovie Josephe Breil de Nevet
    ├   ├   ├> Marie-Gilonne (1764)
    ├   ├   ├> Rose-Anne-Marie (1766) x 1784 JLAF de Ploeuc
    ├   ├   ├> Marie-Louise (1767)
    ├   ├   ├> Marie-Hyacinthe (1768-1832), chouan
    ├   ├   ├     x Thérèse Breart de Boisanger (1759-1830) 
    ├   ├   ├> Céleste-Maclovie (1769)
    ├   ├   └> Rosalie-Jacquette (1771)
    ├   ├  
    ├   └> Urbain Marie de Geslin (1743-)
    ├
    └> Gilles Fr. (s. de Pennarun, gd commissaire, 1713-)
        x 1768 Magdeleine H. de Bohal, vve de Poulpiquet

Généalogie sur Geneanet : Les Geslin sur Geneanet

Bibliographie, Chouannerie

L'étude de Paul Peyron « La chouannerie, documents pour servir à son histoire dans le Finistère  » dans le Bulletin Diocésain d'Architecture et d'Archéologie de 1910 est une référence bibliographique. Permi les 140 documents retranscrits, un certain nombre concerne le chouan gabéricois :

  • Pièce 63, 27 fructidor an III (13 septembre 1795), déclarations faites par Louis René Claude du Couédic : « Duchélas, dit La Couronne ... Il est accompagné d'un curé réfractaire de Langoelan et de Hyacinthe Geslin, de Quimper, et de du Leslay dit Dobles, de Rostrenen, émigré rentré »
  • Pièce 64, signalement sur les chouans, donnés par Du Couédic en septembre 1795 : « Hyacinthe Geslin, de Quimper, 24 ans, 5 pieds 5 pouces, figure marquée de petite vérole, cheveux et sourcils bruns très fournis, chapeau rond, petite veste et pantalon brun ; »
  • Pièce 94, 12 mai 1796, reconnaissance de ponction de 202 000 livres sur le receveur des contributions par des chefs royalistes  : « Nous soussignés, officiers de l'armée catholique et royale de Bretagne, reconnaissons avoir reçu du receveur des contributions, en emprunt forcé, de la soidisante République, la somme de quatre cent mille livres à peu près, en assignats et de deux cents livres en numéraire, qu'il a été forcé de nous donner sous peine d'être fusillé par ordre des chefs royalistes. Les quels ont signé pour lui servir par devant qui de droits. A Elyant, le 12 mai 1796, l'an deuxième du règne de Louis XVIII. QUIMPER, Chef de division ; SILVIN, Chef de division ; LAMARVET, Officier secretaire. Vive le Roi ! »
  • Pièce 115, Quimperlé 16 Vendemiaire an VI (3 octobre 1797), rapport du commissaire exécutif près l'Administration municipale à Quimperlé : « Que le fameux Geslin, revenant de la Vendée ou du fond du Morbihan, est passé sur le Finistère, il y a quinze jours ; qu'il passa la rivière de Quimperlé par un passage entre la ville et la mer ; qu'il traversa la forêt de Carnoët, et se trouva pour dîner chez les Boisanger filles, à leur manoir de Quebelin, à une portée de fusil de Quimperlé ; qu'après dîner, il prit la route vers le manoir de Kernot, où résident du Vergier et ses filles. Vous savez que les Boisanger sont sœurs de deux émigrés ; que Duvergier est père de deux autres émigrés ; »

L'étude de Daniel Bernard, « Recherches sur la chouannerie dans le Finistère  », dans les Annales de Bretagne de 1937, apporte des informations complémentaires :

  • Pages 105-106, lettre au préfet du chouan amistié Frollo le 14 juin 1819 : « En 1798, je fus le premier de mon département à reprendre les armes. J'allais rejoindre le comte de Geslin [1], notre ancien chef de division, à Quimperlé et (qui) parcourait, depuis quelque temps, sans avoir encore réussi à enrôler un seul homme. Je me joignis à lui et bientôt nous parvînmes à réunir 400 volontaires. MM. de Cornouailles, La Rufle et Coroller ne tardèrent pas à nous seconder. »
« La 9e légion dite du Finistère s'organisa sous leur inspection. J'y ai successivement occupé des grades de capitaine et d'adjudant-major, dit lieutenant de canton. Mon service, Monsieur le Préfet, ne s'est pas ralenti un seul instant ; il a constamment duré jusqu'au jour où, par ordre de MM. les comtes de Cornouailles et de Gestin, je fis la soumission attestée par la carte de reddition que j'ai l'honneur de joindre ici avec le certificat du maire actuel de ma commune. »
  • Pages 109-110, meurtre du vicaire de St-Yvy François Canaff, justice de paix de Rosporden : celui qui paraissait être le chef - c'était Geslin - lui prit la main droite « et se retirant un peu en arrière, lui a tiré un coup de fusil à la partie supérieure et latérale du cou, qui l'étendit à terre. Un deuxième coup dans le bas-ventre l'acheva. »
  • Page 112, traduction devant le conseil de guerre à Brest le 11 avril 1797 (29 germinal an V) de Jean-Baptiste Riou d'Elliant « qui avait servi la République en qualité d'officier marinier sur le vaisseau l'Achille ... et qui les avait abandonnées pour prendre parti dans les bandes de chouans ». Cette troupe était dirigée par Geslin et Victor du Brieux.

Par ailleurs, on peut lire aussi le roman historique de Bernard Baffait « Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs » ¤  dans lequel le personnage de Geslin occupe une place importante, avec une narration issue des documents d'archives.

Belle-famille de Queblen

Château de Queblen at autres biens à Quimperlé et Mottreff : succession par acte notarié de Paul Bréart de Boisanger, lequel donne l'administration de ses biens à ses trois filles le 9 thermidor de l'an IV : « Devant nous Paul Bréart (Bosanger) lequel a déclaré qu'étant très âgé et presque privé de vue, il déclare par les présentes donner pouvoir et procuration générale et spéciale à Marie Ursule, Marie Joseph, et Thérèse Bréart ses trois filles ».

Deux frères, Thomas-Charles et Charles-Laurent, sont décédés respectivement en 1795 et 1787, et le troisième, ainsi que Thomas-Charles est toujours émigré en septembre 1796.

Acte de mariage entre Thérèse-Elisabeth-Marie Bréart-Boisanger et Marie-Hyacinthe Geslin : 10 nivôse an IX. Ils s'installent à Quimperlé, sans dans l'immeuble familiale rue de l'Egalité.

Acte sous seing privé entre Marie-Hyacinthe Geslin, son épouse et Pierre-Paul Bréart de Boisanger en 1803, afin de préserver au frère Pierre-Paul la possibilité d'hériter d'un troisième lot (incluant vraisemblablement le manoir familial de Queblen) :

Lettre de Pierre-Paul Bréart à son ami « Monsieur Geslin à Quimperlé », dans laquelle il se plaint de ne pas être compris par sa soeur :

[2]

Annotations

  1. Note de Daniel Bernard : Marie-Hyacinthe de Geslin naquit à Keralut, en Plobannalec, le 3 juillet 1766, de Jean-Marie, lieutenant de vaisseau, et de Malouine-Josèphe du Breil de Névet. Il était renommé comme « un des plus cruels parmi les chouans qu'il commandoit. Il a dirigé une grandes assassinats qui ont eu lieu dans le Finistère » (Note de Daniel, capitaine de gendarmerie). En 1808, il était sous la surveillance de la police. Geslin mourut à Quimperlé le 1er novembre 1832.
  2. Archives Privées de la famille Bréart de Boisanger, communiquées par Yves de Boisanger, sur le site Internet lemarois.com de Jacques Le Marois.



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Thème de l'article : Histoire d'une personnalité gabéricoise Création : Mars 2012    Màj : 19.01.2024