Modèle:JMO-116e-25091915

De GrandTerrier

« Le 116e quitte le camp de la grand-route à 23 heures pour se poster dans les tranchées de 1ère ligne en vue de l'assaut dont la préparation par l'artillerie se poursuit depuis 3 jours [1].

25 septembre. A quatre heures, le Régiment est en position. 9H15 est l'heure fixée pour l'assaut. Nos troupes bondissent de leurs tranchées avec un élan remarquable. Le colonel préside à l'assaut. Malgré le feu des mitrailleuses demeurées intactes dans les fortins, le Régiment franchit d'un seul élan les premières ouvrages ennemis, et parvient bientôt à la 2e ligne, côte 188, qu'il enlève à la baïonnette, et dépasse comme les premières lignes.

Vers 11H15, les premiers éléments du 116e sont sur le mouvement de terrain à 800m, à l'ouest de Tahure, entre les deux routes de Souain et de Somme-Ty. L'objectif de la Brigade, la butte de Tahure, est là à petite portée de fusil. Mais le 116e est seul, il a perdu plus du tiers de son effectif, plus de la moitié de ses cadres ; le mélange des unités est complet ; des isolés de plusieurs régiments sont dans les rangs du 116e. Tout le monde est à bout de souffle après avoir parcouru près de 5 kilomètres à travers des organisations encore solides, enlevé 13 mitrailleuses, 2 batteries de 77, 1 pièce lourde, 1 canon révolver ; laissé derrière lui un matériel considérable de lance-bombes, d'armes, de cartouches, d'équipement, et fait plus de 600 prisonniers (Voir la suite du récit au livre 2 : les patrouilles de couverture).

[Tir de préparation de l'artillerie ...]

Tirs de préparation de l'artillerie.

La nuit précédent l'assaut avait été assez calme. Le tir de préparation s'était progressivement ralenti pour cesser presque complètement vers minuit. Il durait depuis 3 jours.

Le tir était repris le 25 à 6 heures avec une grande intensité sur les premières tranchées allemandes. L'artillerie lourde et les canons de 58 de tranchées y participaient jusqu'au moment de l'assaut.

Pendant le tir de préparation, il est possible aux officiers d'Infanterie qui doivent commander les premières vagues d'inspecter les tranchées et ouvrages allemands et de s'assurer du degré de leur bouleversement.

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[Préparatifs pour l'assaut ...]

A 8 heures 30, ordre est donné aux commandants d'unité de faire rectifier la tenue, de boucler les sacs et de se tenir prêts. A 9 heures, les hommes étaient placés au coude à coude dans les parallèles de départ ; la baïonnette est fixée au bout du canon et chacun se tint prêt à bondir en avant en silence, sans un cri, au pas, au signal que fera le chef.

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L'Assaut. A 9H15, le signal est donné et brusquement dans un élan magnifique, une marée humaine, précédé de tirs de batterie, se dresse, sort des tranchées, se soude, marche sans hâte, sans crainte, sûre du succès et aborde la première tranchée allemande qu'elle submerge et dépasse pour aborder ensuite les deuxième et troisième tranchées distantes les unes des autres de 50 à 100 mètres. Pendant ce temps la deuxième vague a pris la place de la première dans la tranchée de départ et sort, suivant à 50 mètres, pendant que la troisième vague est amenée à son tour et sort du même élan irrésistible que les deux premières.

En moins de 5 à 6 minutes les trois premières tranchées situées à l'est et à l'ouest de la route de Tahure sont prises et dépassées et les vagues d'assaut marchent maintenant sur la 4e situé à contre-pente au fond d'un ravin à 800 mètres de la 3e et dénommée tranchée de Wiesbaden, prolongé à l'est par les tranchées de Thorn et de Cologne. Des mitrailleuses qui s'étaient révélées sur certains points des tranchées de 1ère ligne et étaient entrées en action après le passage de la première vague, avaient bien creusé quelques vides dans nos rangs et déjà des morts et des blessés jalonnaient glorieusement le terrain parcouru et conquis, mais l'élan de nos troupes n'en est pas ralenti.

[Cependant, à gauche des entonnoirs ...]

Cependant, à gauche des entonnoirs [2], un peloton de la 6e Cie faisant partie de la 3e vague est arrêté net au moment où il veut aborder la 3e tranchée allemande, dite tranchée de Marmurde par des feux de mousquetons et de mitrailleuses partis de cette tranchée et des pentes ouest du ravin de la Goutte. La 6e Cie perd là plusieurs officiers et chefs de section, et ne peut déboucher qu'à 13 heures 30 après avoir obligé les défenseurs à se rendre. Ces derniers étaient au nombre d'environ 200.

De même, à l'est de la route de Tahure, trois sections de la 12e Cie, rejointes bientôt par un peloton de la 1ère Cie et de la Compagnie des mitrailleuses étaient arrêtées net par les feux de 4 mitrailleuses allemandes de la tranchée de Marmara, et de le mitrailleuse tirant des pentes du ravin et mentionnée plus haut. Le lieutenant mitrailleur Coué prend à portée cette dernière et la réduit au silence après avoir tiré une centaine de cartouches. Une section de nettoyage est appelée qui tente de cerner le fortin, mais les fils de fer sont intacts et les allemands se défendent farouchement à coups de grenades, de fusils et de mitrailleuses. Ce n'est qu'après 3 heures de combat que les défenseurs sortent, enfin, précipitamment de leurs abris en levant les bras. La 12e Cie perdit là le lieutenant Bondu tué et le sous lieutenant Le Floch blessé. En outre nombreuses furent les victimes de ces mitrailleuses boches fanatiques.

Pendant ce temps, les tranchées de Wiesbaden, de Thorn et de Cologne étaient enlevées à leur tour, et leurs défenseurs fuyaient éperdument vers le nord dans la direction de la Croupe à l'ouest de Tahure entre les routes de Souain et de Somme-Ty. Il était à ce moment 9H35.

La tranchée de Wiesbaden bordée de chaque côté d'un réseau de fils de fer barbelé soutenu par des piquets en fer était construite au fond d'un ravin à hauteur de la corne sud du bois de la Pie et orientée est-ouest. Par suite de sa position défilée elle avait peu souffert du tir de l'artillerie et ses défenses accessoires étaient à peu près intactes. Il fallut ouvrir des brèches à la cisaille dans les fils de fer pour passer.

Vers 9 heures 45, un violent barrage d'artillerie nous cause des pertes sensibles à la lisière sud et est au bois du Naon. Le commandant Voisin, chef du 2e Bataillon tombe à ce moment mortellement blessé à la lisière du bois. Le sous lieutenant Degouly est à son tour grièvement blessé mais les vagues d'assaut n'en continuent pas moins leur progression irrésistibles vers leur objectif final.

À 10h45 la route de Tahure-Souain est franchie à l'ouest de la carrière ...

*-*-*-*-*

La nuit du 25 au 26 est mise à profit pour renforcer les travaux de défense sur la croupe, et se passe sans incident. Mais les hommes après les rudes assauts de la journée et transis par le froid de la nuit et la pluie qui a traversé leurs vêtements, restent grelotants sur la position conquise.  ».

  1. Sur la préparation de l'assaut par l'artillerie voir, lire le témoignage du poilu gabéricois Jean-Marie Le Roux dans son carnet de campagne : « Le 22 au matin commencement de l'attaque, c'est à dire bombardement jusqu'au 25, le 25 au matin à 9 heures l'infanterie s'élança en dehors des tranchées ... (« Jean-Marie Le Roux, maréchal des logis mort pour la France en 1918 » ¤ )
  2. TERME ANCIEN DE DOCUMENTS D'ARCHIVES

    Entonnoir, s.m. : généralement employé pour désigner l’excavation, souvent importante, produite par l’explosion d’une mine. Désigne aussi un trou d’obus particulièrement large. On parle de la « lèvre » d’un entonnoir pour désigner rebord qui fait saillie sur le terrain suite à la retomb ée de terre, généralement disputé avec l’ennemi aussitôt après l’explosion de la mine. Source : CRID14-18.


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