Niverrot, Niverod

De GrandTerrier

Variantes bilingues : Niverrot (FR), Niverod (BR)

Signification : "domaine des tondeurs d'ovidés" ?

Décomposition : du vieux-breton gneuer, "tondeur", et du suffixe -od indiquant le pluriel

Relevés : 1510, 1614, 1633, 1656, 1672, 1679, 1790, 1834

Coordonnées géographiques : lat. 48.006463, long. -3.969197, cf. « Géo.Niverrot »

Présentation générale

Niverrot est situé des deux côtés de la route qui mène de Kerdévot à Elliant. Le village est composé de plusieurs fermes anciennement exploitées par, entre autres, les familles Huitric et Quintin.

A85Niverret1510.jpg

Dans un aveu de 1510 (recopié au XVIIIe dans un registre conservé aux Archives départementales du Finistère, ref A85 folio 503), le village est déclaré par Bertrand Penmorvan comme une composante du proche-fief de Keranmelin (aujourd'hui Kerveil). Ce domaine est rattaché par la suite dans celui des Tréanna, puis des Sévigné.

Étymologie : La proposition d'André Cornec, auteur d'une thèse sur la toponymie du canton de Briec, est une forme ancienne du nom Niver est Solt Niver dans la charte XIV du Cartulaire de Landévennec (11e siècle), Solt signifiant domaine et niver du vieux breton gneuer, tondeur. Le suffixe /od/, marque de pluriel, indiquerait donc le regroupement de plusieurs ateliers de tonte de moutons.

Albert Deshayes avance une autre thèse pour le lieu-dit Niver en Edern : prototype Gnouorix formé de gnou "connu, fameux", et de rix "roi". Mais un pluriel gabéricois de plusieurs "illustres rois" semble peu crédible.

En 1885, au retour des campagnes militaires de leur fils Pierre-Marie (alias "Tonkin Kozh"), les parents Quintin de Niverrot financent l'acquisition de la bannière paroissiale dite du Tonkin. En 1911, c'est Jean-Louis Huitric qui découvre sur ses terres un énorme bloc de pierre qui s'avère contenir de l'antimoine, ce qui amènera à ouvrir une mine sur Kerdévot et Niverrot.

Les journaux de 1930 et 1931 rendent compte d'un meurtre crapuleux à Niverrot : la victime, un casseur de pierres, est logé dans une des fermes du lieu-dit, et les deux accusés y sont domestiques.

Les éléments remarquables en catégorie "Petit patrimoine" [1] :

  • une pierre à laver ou support de baille à buée : la 10e pierre circulaire référencée sur le site GrandTerrier (photo 2023).
  • deux fours à pain : le premier transplanté, et le second en très belle bâtisse indépendante.
  • une pierre tombale : celle de Jean-Louis Huitric (+29.07.1881) et de Marie-Perrine Rolland (+27.01.1889).
  • un rosier de Verdun : une très belle histoire pendant la Grande Guerre, celle de Jean-Louis Huitric (né le 7 juin 1894) qui, gravement blessé à Verdun, transporté dans une ambulance, demande à couper un rosier sur le bord du chemin, pour le ramener dans son village de Niverrot. Ce rosier, un "Madame Alfred Carrière" [2] existe toujours et traverse les tempêtes avec son support.

La frise iconographique :

Autres lectures : « 1510-1683 - Adveus de Keranmelin extraicts de l'inventaire de Kempercorantin » ¤ « Les anciens fours à pain gabéricois » ¤ « Inventaire gabéricois des pierres de granit pour bailles à buée » ¤ « L'assassinat crapuleux d'un casseur de pierres à Niverrot, journaux de 1930-31 » ¤ « La bannière et la médaille de Pierre-Marie Quintin alias "Tonkin Kozh" » ¤ « La mine d'antimoine à Kerdévot/Niverrot en Ergué-Gabéric » ¤ 

Explications toponymiques

Dans le Cahier n° 9 d'Arkae publié en 2007, Bernez Rouz se range à l'hypothèse formulée par André Cornec :

Niverrot (Niverod)

Orthographe Année Source Référence, côte
Niverret 1510 A.D.F. A 85
Nyverret 1614 A.D.F. 226G56
Nivoret 1633 A.D.F. A 85
Niverot 1656 A.D.F. 2H14
Niverrot 1672 A.C.E-G. Registres paroissiaux
Niverit 1679 A.D.F. A 87
Niverrot 1790 A.D.F. 10 L 168, recensement
Niverrot 1834 A.C.E-G. Ancien cadastre
Niverrot 1962 A.C.E-G. Nouveau cadastre
Niverrot 2002 I.G.N. Carte O618O

Niverrot est à rapprocher de Niver en Edern et de Nivirrit en Kerfeunteun. Niver signifie nombre en breton, mais cela n'a rien à voir avec notre nom qui doit être très ancien. André Cornec, auteur d'une thèse sur la toponymie du canton de Briec, affirme que la forme ancienne du nom Niver est Solt Niver dans la charte XIV du Cartulaire de Landévennec (11e siècle). Solt signifiait domaine et niver vient du vieux breton gneuer : tondeur.

Le suffixe /od/ est une marque de pluriel que l'on retrouve dans logod (souris).

Niverrod pourrait donc se traduire par le domaine des tondeurs, nous ramenant par là à l'élevage ancestral des moutons. La présence de trois noms Niver dans trois communes proches pourrait donc signifier qu'il s'agit du lieu où l'on regroupait les troupeaux pour les tondre, telle est encore la tradition à Ouessant par exemple.

Dans son mémoire en breton de 1977 (et dans le résumé en français de 1981), Bernez Rouz avouait sa perplexité :

7 - ANVIOU ALL

-- Niverrot Niverrot-phonétique.jpg (Niverot), 1678 : Niverrot.
Kavet 'vez niver en Edern, ha nivirrit e Kuzhon Kerfeunteun.
Tri stumm kar evit teir farrez tost ! Gant an dibenn -OT eur boas da ginnig un anv plant (gw. Lavallot, Spernot, Nonot ...). Pe vije -OT ul lister. Un anv-den NIVER a zo.


NIVERROT : ?. Trois noms de fermes seulement en Bretagne comporte le radical Niver : Nivirrit en Kerfeunteun et Niver en Edern. Niver signifie chiffre et quelqu'un a proposé qu'il y aurait pu avoir dans ces lieux des écoles (druidiques ?). Une chose est sûre, le lieu est habité depuis longtemps comme le montre la découverte de haches préhistoriques.

Page 395 de son dictionnaire des noms de lieux bretons, Albert Deshayes avance une autre explication pour le radical Niver :

PARTIE "Des noms de personnes"
Chapitre "Des noms de baptême bretons"


Niver qui se montre empoyé seul sans Le Niver en Edern (29), Solt Gneuer vers 1050, et en composition dans Créac'h-Niver en Scrignac (29), Crechniver en 1678, suppose un prototype *Gnouorix formé de gnou "connu, fameux", et de rix "roi".

Annotations

  1. Petit patrimoine, g.s.m., ou patrimoine vernaculaire : ensemble des constructions ayant eu, dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours, Wikipedia. [Terme] [Lexique]
  2. Merci à Soazic Goanac'h-Jeannès, botaniste férue et passionnée, de nous avoir expliqué les origines du rosier de Verdun.