YANN Mab - Harz ar Bleiz, cuzul evit an electionoù

De GrandTerrier

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YANN (Mab), Harz ar Bleiz, cuzul evit an electionoù, d'an dud diwar ar meaz digant unan anezo, Ty JB Lefournier, Brest, 1876, ISBN -
Titre : Harz ar Bleiz, cuzul evit an electionoù, d'an dud diwar ar meaz digant unan anezo
Auteur : YANN Mab Type : Livre/Brochure
Edition : Ty JB Lefournier Note : « Halte au Loup, conseil pour les élections, pour les gens de la campagne et par l'un d'entre eux »
Impression : Brest Année : 1876
Pages : 35 Référence : ISBN -
Notice Bibliographique

Ce pamphlet politique, distribué en 1876 dans les campagnes finistèriennes, est signé « Mab Yann », vraisemblablement le pseudo d'un journaliste ou correspondant du journal L'Océan [1] dans lequel on trouve cette signature. On peut lire dans l'édition du 18 février 1876 de ce journal une apologie de l'ouvrage : « On ne saurait trop recommander aux Électeurs des campagnes la lecture d'une petite brochure qui vient de paraitre. Cette brochure, écrite en breton par l'un d'entr'eux, et pour eux, dévoile les insanités des républicains. Elle montre au grand jour la perfidie et la mauvaise foi de ces égoïstes et ambitieux intrigants de la gent radicale, qui osent venir aujourd'hui briguer les suffrages de nos honnêtes et laborieuses populations de la campagne, restées si profondément catholiques ».

Le titre « Hars ar Bleiz » ne peut pas être traduit par « gare au loup », mais par un « halte au loup » plus énergique et entreprenant, l'animal désignant le républicain menaçant les forces politiques monarchistes, conservatrices et catholiques. L'exposé est découpé en 24 billets aux titres évocateurs : « Va C'henvroïs, va Mignonet ; Fri ar Bleiz ! ; Bec al Louarn ; Republicanet oll ; Marmousien ; Er meas an dud lostek ! ; Follentez ! ; Bara zeac'h ! ; Netra evit ar paour ; Cochou brao ha netra goude ; Euf foll furius ; Camp Conlie [2] ; Eur penn leue ; C'hoant ar Republinanet ; Eun den fall ! ; Eun den tort ; Ar bleizi koz hag ho bugale vian ; Goad, ha goad ato ; Harz ar Bleiz ! ; Choazit !! ; Digorit eho taoulagad ; Evit ar vro ! ; Petra da ober ? ; Ar guer diveza ».

L'ouvrage ne cite aucun nom de politiciens locaux, mais seulement les figures nationales comme le maréchal Mac-Mahon, Gambetta, Jules Favre ... Dans le billet « Petra da ober ? » (que faire ?), l'objectif est fixé de barrer la route aux républicains à toutes les élections des maires, des conseillers généraux, des sénateurs et des députés, ce dans toutes les circonscriptions de Quimper à Landerneau.

Le pamphlet a donc été utilisé comme instrument de propagande dans toutes les campagnes électorales, mais essentiellement lors des législatives de 1876 (et aussi dans celles qui ont suivi en 1877 suite à la dissolution de la Chambre). Les scrutins de 1876 et 1877 furent néanmoins marqués par la défaite de la majorité parlementaire monarchiste élue lors des élections de 1871.

Localement, dans le secteur de Quimper, le candidat conservateur Jean-René Bolloré, élu conseiller général, s'est battu deux fois contre des adversaires républicains, et utilisa dans ses tracts et tribunes éditoriales l'argumentaire développé dans le « Hars ar Bleiz ».

Après le vote de février 1876, le journal républicain « Le Finistère » rappelait le rôle de cette brochure qui n'avait finalement pas convaincu les électeurs : « Nous attendons avec quelque impatience l'explication que donnera l'Océan de l'éclatante défait que son parti a essuyée dans les élections de dimanche dernier ... On jugera assez de l'ardeur qu'ils ont apportée dans la lutte et de la loyauté dont ils ont fait preuve, si l'on veut se donner la peine de lire certaines brochures qui ont été distribuées à profusion dans les campagnes ...  ».

Autres lectures : « Jean-René Bolloré candidat député, L'Océan L'Impartial et Le Finistère 1876-1877 » ¤ « Déguignet s'oppose au candidat Bolloré lors des élections législatives de 1877 » ¤ « 1877 - Tract "votit evit An Aotrou Bollore ha na votit ket evit Loiz Hemon" » ¤ 

Extraits, Transcriptions

REPUBLICANET OLL

Quement hini a zo troet a enep ar religion, ac ar veleien ; quement hini en deus eur gomportamant direol ; quement lipeur he strapen ; ar re ne dostaont james eus an ilizou ; ar re a zo leun ho c'halon a avi eus madou, pe reputation ar reall ; quement drebeur he stal ; quement lonqueur he sant frusquin ; quement den jalous ; quement den couezet izelloc'h evit he renq ; quement laques fall ac incapable a zo, dare gant an an naon ha gant ar sec'het ; quement lakipot a zo ; quement arsouill ha feneant, a veler da lun, ho croaziguellat ar ruiïou. Goulennit digant an dud-ze oll, petra int ? Republicanet tout !

... Ac ar re-ze eo a zo breman o rei cuzuliou deomp-ni ! N'int quet foutu, an darn vuia anezo, da encha mad ho afferiou propr, ac ho deux c'hoant da ober re ho bro ! Credabl ne viot quet disquiant, na foll avoalac'h, evit selaou an dud-se, ac e cassot anezo ivi brema da gastrillessa !

Traduction, journal « Le Finistère » du 23.02.1876

TOUS RÉPUBLICAINS

Tous les ennemis de la religion et des prêtres ; tous ceux qui ont une conduite déréglée ; tous les ivrognes ; ceux qui n'approchent jamais des églises ; ceux dont le cœur est plein de jalousie pour le bien ou la réputation d'autrui ; toux ceux qui ont englouti leur saint-frusquin ; tous les envieux ; toux ceux qui sont tombés plus bas que leur rang ; tous les faillis valet, bons à rien et rendus de faim et de soit, tout ce qu'on d'arsouilles titubant et zigzagant les lundis par nos rues. Demandez à tous ces gens-là ce qu'ils sont ? Tous républicains.

... Et ce sont ceux-là qui nous donnent aujourd'hui des conseils ! Ils ne sont pas foutus (sic) pour la plupart de conduire à bien leurs propres affaires et ils voudraient conduire celles du pays. --- J'aime à croire que vous ne serez pas si simples et si fous que d'écouter ces gens-là et que vous les enverrez cueillir des groseilles.

Page 10

Replicanet oll. Mad, ar re-ze, mar ho devije bet, eguis ma leveront, quement-se a interest evidomp, elec'h dont da sclabeza hor guerejou, ha beza interret ehars troad ar groas, pehini a dle ho lacat da grena, a dlie goulen ober toullou evito en hor guerniou ac en hor foenneïer, evit ma hor bije, da viana, divarnezo, evel diwar ar gagnou, foen ha ieod da rei d'hor loenet !

Tous républicains. Si ces gens-là prenaient nos intérêts, comme ils le prétendent, au lieu de souiller nos cimetières, et de vouloir se faire enterrer au pied de la croix, qui doit les faire trembler, ils devraient demander qu'on leur creusât des fosses dans nos aunaies et nos prés ; ils nous donneraient du moins, comme des charognes, de l'herbe et du foin pour nos bêtes.

Panégyrique de l'ouvrage

L'Océan. Avis aux électeurs.

On ne saurait trop recommander aux Électeurs des campagnes la lecture d'une petite brochure qui vient de paraitre, sous le titre de  : HARS AR BLEIS. Cette brochure, écrite en breton par l'un d'entr'eux, et pour eux, dévoile les insanités des républicains qui, la veille, nous représentaient à l'Assemblée nationale. Elle montre au grand jour la perfidie et la mauvaise foi de ces égoïstes et ambitieux intrigants de la gent radicale, qui osent venir aujourd'hui briguer les suffrages de nos honnêtes et laborieuses populations de la campagne, restées si profondément catholiques, eux qui, naguère encore, les traitaient d'hommes ignares et obtus, de paysans grossiers et ignorants, incapables de comprendre ce qu'ils font. Sous une forme attrayante et accessible pour tous, l'auteur a sur faire comprendre, en dépit de M. de Pompery [3], et à ceux-là même qui, selon lui, sont incapables de comprendre, combien sont contraires à leurs intérêts toutes ces doctrines anti-religieuses et anti-sociales qu'on essaie de propager au milieu d'eux par tous les moyens et sous toutes les formes. L'accueil fait à cette brochure, dès son apparition, prouve d'ailleurs son mérite, et nous ne doutons pas qu'elle ne soit appelée à rendre de très grands services à la cause que nous défendons, spécialement dans les classes rurales.

Elektourien divar ar Méaz !

Lennit Hars ar Bleiz. El leorik-se, great gant eur c'houeread evel doc'h a d'euz o touze evel a lavar, a skrivet e brezhonnek sclear ag eaz da goumpren, e kavoc'h aer sclerigen evit en em goinporti en eleksionnou. Enna e veloc'h petra eo ar republikanet, petra glaskont, petra sonjont a petra reont. Eno e veloc'h ar virionez, p'o pezo el lennet e chouezoc'h petra dleer da sonjal d'euz ar gantfartet-se, hag oun sûr goude ne vioc'h quet nec'het oc'h essa gouzout pe du voti. Credit ahanon. Lennit al leorik-se.

Eun trouher buzug pehini en deus lennet Hars ar Bleis.

Fanch Penkaled

L'Océan, 18.02.1876

Coupures de presse

Ouvrage imprimé

Lieu de conservation :

  • Bibliothèque Nationale de France.
  • Cote : FRBNF34032808
  • Titre(s) : Harz ar bleiz. Cuzul evit an electionou d'an dud divar ar meaz digant unan anezo. Pevar a viz C'huvrer 1876 [Texte imprimé].

Usage, droit d'image :

  • Licence ouverte de réutilisation des données publiques.
  • Décret n° 2017-638 du 27 avril 2017.

Annotations

  1. « L'Océan », sous-titré « journal des intérêts maritimes et constitutionnels », puis « journal du droit national, politique, maritime, littéraire et religieux », était un journal périodique édité à Brest de 1846 à 1891 et qui diffusait une ligne éditoriale très conservatrice. En 1880 son imprimeur, Jean-François Halégouët, et le rédacteur en chef, Hippolyte Chavanon, vont lancer un autre hebdomadaire, le « Courrier du Finistère », qui existera jusqu'en 1940.
  2. Le Camp de Conlie, situé dans la région du Mans, est un des onze camps établis par le gouvernement républicain de Gambetta lors de la guerre de 1870 afin de préparer une contre-offensive contre l'occupant.
  3. Théophile de Pompéry (1814-1880) est un homme politique républicain breton. Il est membre de l’Association bretonne, créée en 1843 pour « hâter le développement des progrès agricoles de la Bretagne et former un centre d’études et de relations » et devient un fouriériste convaincu. Propriétaire et agriculteur, il est républicain sous le Second Empire. Président du comice agricole, conseiller général du canton du Faou, il est élu représentant du Finistère aux élections complémentaires du 2 juillet 1871. Il siège au groupe de la Gauche républicaine. Malgré un échec aux sénatoriales de janvier 1876, il est réélu député aux législatives de février 1876, puis en 1877. Il est l'un des 363 qui refusent la confiance au gouvernement de Broglie le 16 mai 1877. (Finistère).



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Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Création : Février 2014    Màj : 16.08.2023